Article mis à jour le 5 juin 2025
Bouchon de vin casher
On dit de Céret, dans les Pyrénées-Orientales, qu’elle produit sur ses coteaux les premières cerises : on les attend rituellement pour le 1er mai ! Mais Céret est aussi le siège du leader mondial du bouchon, Sabaté.
Sabaté qui a sorti le premier bouchon casher, c’est-à-dire élaboré selon les pures techniques rabbiniques qui interdisent l’usage de certains produits. En fait Sabaté contrôle l’intégralité de la fabrication, depuis l’approvisionnement en matière première, le liège, jusqu’à la transformation en bouchon, en passant par le stockage. L’étape cruciale est le lavage qui suit la formation du bouchon à l’emporte-pièce. La lavage » SBM » remplace pour la désinfection bactériologique le chlore largement suspecté du goût de bouchon par du peroxyde.
De même, le colmatage de certains bouchons est assuré sans manipulation par un mélange pur de poudre de liège lavée par le même process et de colle alimentaire de qualité contrôlée. Les différents bouchons obtenus sont triés également à la machine par lecture optique. Le marquage éventuel au nom du client utilise des encres alimentaires et de constituants contrôlés.
Les bouchons sont ensuite satinés après séchage par application d’un élastomère alimentaire. Enfin le conditionnement s’effectue -toujours sans manipulation- sous gaz carbonique dans des sacs plastique étanches.
Conséquence : une pureté maximum du produit en totale conformité avec la casheroute.
Le vin casher, élaboré lui aussi dans le département par les vignerons de Rivesaltes (par exemple le Muscat des Domaines Lacassagne, viticulteur et oléiculteur, Mas Balande Route d¹Elne), sera ainsi au contact d’un produit naturel. A noter que la société Sabaté produit également des bouchons à Champagne selon des méthodes analogues.
Les nouveaux types de bouchon
Le vin est un produit très concerné par la mondialisation.
En première ligne, exposée à la sagacité du consommateur sur le point de vente : l’étiquette. Elle est généralement de papier, rarement sérigraphiée. Quoi qu’il en soit, une véritable bataille mondiale s’est engagée pour standardiser l’information qu’elle porte : la vieille Europe contre le reste du monde, bien tenté d’imposer d’une seule voie son standard « nouveau monde » en cours d’élaboration, face à nos étiquettes soudainement très kitch.
Une mondialisation qui s’emballe.
Le bouchon liège lui-même tremble sur ses bases. Car si le liège reste une valeur sûre, voici les kiwis avec leur bouchon dernier cri, un bouchon métallique à vis… Tout droit venu de la région viticole de Marlborough, il est utilisé par quelques-uns des viticulteurs locaux. La qualité de leur production est internationalement reconnue et devrait favoriser la validation du concept. Argument « béton » à leurs yeux et à leurs papilles : le liège peut être suspecté de graves dégradations organoleptiques, le métal pas. Nouveaux sur le marché mondial, les néo-zélandais seraient ainsi tout aussi novateurs pour la présentation novatrice de leurs produits. Nouveau ? Oui et non, car quelques caves suisses en font déjà usage depuis quelques années, comme certains producteurs de la Napa Valley ou d’Australie.
Pour ou contre, l’avenir le dira. Quant au « goût de bouchon » son sort n’est pas réglé pour autant, puisqu’il n’aurait rien à voir avec… le bouchon, bien qu’un laboratoire français annonce avoir prouve le contraire : le suspens continue !
Bouchons du troisième type
Pour contourner astucieusement les suspicions de goût de bouchon pesant sur le liège lui-même, deux sociétés viennent de lier leurs compétences pour mettre au point un bouchon d’un nouveau type.
La société champenoise Barangé et l’orléanaise Préteux-Bourgeois ont sorti un opercule siliconé qui isole le bouchon du liquide. Pas de contact direct, donc pas de migration d’odeur suspecte vers le précieux liquide. Toutefois ce précieux accessoire nommé ‘Préserveur’ permet tout échange gazeux entre l’intérieur de la bouteille et l’extérieur souhaitable à la maturation du vin. Ce sont les grosses molécules, dont la fameuse TCA qui est suspectée d’être la principale responsable principale du goût de bouchon, qui seraient ainsi piégées loin du vin. A noter que la système, brevet mondial, a reçu l’approbation du CIVC et de l’Institut coopératif du vin (ICV).
Au micro-ondes
Chez Juvénal dans le Maine-et-Loire, même combat. Ici on passe les bouchons au micro-ondes depuis deux ans, ce qui a pour effet de neutraliser les velléités de goût de bouchon.
Bouchon Spécial Vin nouveau
Par ailleurs, s’il est un vin qui n’a pas besoin de vieillissement, c’est bien le Beaujolais nouveau. Pour ceux qui sont vraiment pressés de le consommer, sans prendre le temps de chercher un tire-bouchon, ce système d’ouverture express rétractable et réutilisable (s’il en reste…) a le mérite, à défaut d’esthétique puriste, de permettre d’assouvir sa soif dans les meilleurs délais, le troisième jeudi de novembre.